• Death Wish : de la polémique au culte (4)

    Le mythe se renouvelle.

     Death Wish : de la polémique au culte (4)Si la "Cannon" peut se réjouir des scores du troisième Death Wish au box-office, elle connait néanmoins des problèmes de trésorerie dus aux échecs de certaines de ses productions. Menahem Golan va alors mettre en chantier un quatrième opus des mésaventures de notre vigilante.

    Charles Bronson est, à cette époque, l'une des valeurs sûres de la firme, avec Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme. Après Death Wish 3, notre moustachu tourne La Loi de Murphy (1987) puis Protection rapprochée (1987). Il est même question qu'il joue dans un thriller intitulé Golem, adapté de la célèbre légende juive, mais le projet restera dans les cartons.

    Il fait une infidélité à la "Cannon" le temps de tourner un téléfilm pour HBO, Act of Vengeance (1986), dans lequel il interprète le syndicaliste Jock Yablonski, assassiné dans les années 70. Ce film n'aura malheureusement pas un grand succès - il sortira en France en salles - et Bronson, dépité, se retrouve à devoir encore remplir le cahier des charges d'un bon vigilante modèle.

    Nous l'avons vu précédemment, Charles Bronson et Michael Winner se sont fâchés après le tournage de Death Wish 3. Quel réalisateur pourrait alors reprendre le flambeau ? L'acteur propose Jack Lee Thompson, avec qui il tourna Monsieur St.Ives (1975), Le Bison blanc (1977), Caboblanco (1981) et plus récemment La Loi de Murphy.

    Le scénario est confié à Gail Morgan Hickman qui écrit une histoire fort intéressante : 'Paul Kersey' retrouve la journaliste qui l'avait quitté dans le deuxième opus (Jill Ireland devant reprendre le rôle), et lui promet qu'il ne sera plus un vigilante. Mais lors d'une fusillade, la jeune femme est tué, et notre héros, résolu à tenir sa promesse, capture un à un les responsables qu'il live à la police, mais ceux-ci sont vite remis en liberté, poussant notre justicier à reprendre les armes.

    Malheureusement, ce script déplait aux pontes de la "Cannon" et à Charles Bronson lui-même. Les premiers ne veulent que de l'action, pas des questionnements sur la justice, quant au second, l'idée de voir mourir sa femme, même devant les caméras, le traumatise : à l'époque, Jill se bat contre le cancer qui allait l'emporter en 1990.

    Hickman commence alors un autre récit : après la perte d'un de ses amis tué dans un attentat, 'Paul Kersey' traque et abbat le terroriste responsable avant même que la CIA ou le FBI ne mettent le main dessus. Le problème, c'est qu'alors qu'il écrit cette histoire, il apprend que le scénario de Mort ou vif, co-scénarisé et réalisé par Gary Sherman, et qui sortira en 1987, est similaire au sien.

    Obligé de renoncer à ce récit pourtant prometteur (la "Cannon" et Bronson l'appréciaient), le scénariste passe une semaine à chercher une autre approche et, un soir, il imagine que 'Kersey' reçoit des photos de ses "exploits" avec le message suivant "Je sais ce que vous avez fait". Puis lui vient l'idée que notre héros pourrait être, à la manière de Clint Eastwood dans Pour une poignée de dollars, un "grain de sable" qui viendrait déranger les affaires de deux groupes de trafiquants de drogues.

    Le premier jet reçoit l'aval des producteurs et de l'acteur, Hickman y rajoute la fille adoptive morte d'overdose et le "milliardaire" qui est en fait un troisième larron se servant du justicier pour décimer ses concurrents.

    Comme je l'ai dit plus haut, la "Cannon" a de grosses difficultés financières, au point que le tournage sera reculé du mois de janvier 1987 au mois de mars, avant de débuter le 13 avril à Los Angeles, après que la "Warner Communication Inc" ait accordé un crédit de 25 millions de dollars à la firme des cousins.

    L'heure est à l'économie : le budget est fixé à 5 millions de $ et plus question de faire appel à un compositeur : la BO réemploie diverses musiques de précédents films de la "Cannon" dont La Loi de Murphy, Le Justicier de minuit et Hospital Massacre. La scène finale est tournée dans le parking même du building de la firme, tandis les techniciens seront payés avec retard. Le seul qui s'en tire bien est Bronson lui-même qui empoche... 4 millions de dollars !

    Pour éviter d'avoir affaire à des partenaires, Golan décide de distribuer le film via des filiales de la "Cannon" aux États-Unis et à l'Étranger.

    Parlons maintenant du film en lui-même : Cette fois, il y a un semblant de psychologie, comme en témoigne la toute première scène : intervenant pour sauver une femme agressée dans un parking, 'Paul Kersey' va découvrir que l'un des voyous qu'il vient de tuer n'est autre que... lui-même ! Il s'agit bien sûr d'un cauchemar, mais cette scène donne un ton différent à ce quatrième opus de la saga.

    De plus, nous avons un scénario plus complexe que d'habitude, avec un héros manipulé par un sale type et une histoire qui emprunte donc à Pour une poignée de dollars mais aussi à La Mort aux trousses. Autre idée intéressante mais hélas peu développée, la fiancée de 'Kersey' (une journaliste) enquête sur le trafic de drogue après la mort de sa fille.

    Dans le casting, Kay Lentz interprète la nouvelle dulcinée de 'Kersey', Dana Barron est sa fille, John P. Ryan est le (faux) milliardaire faisant appel au justicier, Soon-Teck Oh est un flic ripoux, et l'on découvre un futur "tough guy" de séries B et Z, Danny Trejo, dont le personnage disparait lors d'une des scènes d'explosion les plus ridicules du cinéma.

    Death Wish : de la polémique au culte (4)Malgré le manque flagrant de moyens, ce quatrième opus apporte donc une nouvelle thématique à la saga, le justicier devenant sans le savoir le bras armé d'un mafieux. On sent une réelle volonté de vouloir faire évoluer le genre.

    Et puis nous sommes en pleine "ère reaganienne", avec le leitmotiv "Just said no" et les campagnes de préventions à l'attention des jeunes. Faire de 'Paul Kersey' le héraut de la lutte anti drogue est symptomatique de l'époque.

    Reste que le personnage lui-même est devenu une sorte de "hitman" sans âme. Ainsi, la toute dernière scène le montre quittant le lieu du meurtre de sa fiancée sans un regard pour son corps.

    Le film sort aux États-Unis en novembre 1987 sous le titre Death Wish 4 - The Crackdown et en France sous le titre Le Justicier braque les dealers en mars 1988. Si les recettes sont conséquentes (6,8 millions de dollars aux U.S.A), force est de constater que le filon se tarit. Chez nous, ce quatrième opus attire seulemnt 170 000 spectateurs.

    La "Cannon" est cette fois dans le rouge, et le torchon brûle entre Menahem Golan et son cousin Yoram Globus. Le premier ne va pas tarder à quitter la firme avant que celle-ci ne dépose le bilan et fonde "21th Century Films Corporation", qui produira le cinquième et dernier opus de la saga du Justicier. Le pire reste à venir...

    Death Wish : de la polémique au culte (4)

      Juste pour le plaisir : les mannequins prêts à sauter !

     

     

    « Statistiques... et toc !Harrison Ford et le toutou de synthèse. »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :