• Death Wish : de la polémique au culte (3)

    Le mythe version "Rambo"

    Death Wish : de la polémique au culte (3)Vous connaissez l'adage : "jamais deux sans trois" ! Le tournage du deuxième opus de Death Wish à peine terminé, les pontes de la "Cannon" sont déjà en train de plancher sur le troisième.

    Encore une fois, l'ami Bronson se fait tirer l'oreille, d'abord à cause du scénario, signé Don Jakoby, qui fait plus dans la guérilla urbaine que dans le classique film de "vigilante".  'Paul Kersey' y devient une sorte de "Rambo" et cela déplait à l'acteur. Et puis il y a une autre raison, plus personnelle, qui le fait hésiter : son épouse Jill Ireland vient de tomber gravement malade et Charlie, on s'en doute, n'a pas vraiment la tête à reprendre les flingues.

    La "Cannon" fait appel à Gail Morgan Hickman, auteur du scénario du troisième opus de Dirty Harry. En une semaine, Hickman écrit trois synopsis qu'il envoie à la "Cannon"... après deux semaines d'attente, il apprend que Bronson a finalement accepté le scénario de Jakoby ! Néanmoins, Hickman aura attiré l'attention du duo Golan-Globus puisqu'il écrira le scénario de La Loi de Murphy (1986) et Le Justicier braque les dealers (1987).

    Il faut noter par ailleurs que dans l'une des propositions de Hickman, 'Paul Kersey' abandonnait ses armes et redevenait un simple architecte. Ce retournement de situation déplaisait aux producteurs, avides de proposer encore et toujours le "vigilante" new-yorkais pur et dur. De plus, l'actualité s'en mêle :

    Le 22 décembre 1984, dans le métro new yorkais, Bernhard Goetz  tire sur quatre jeunes délinquants afro-américains. Très vite, il aura ses partisans et ses détracteurs, et plusieurs associations -dont la NRA - lèveront des fonds pour payer ses frais de justice et les 43 millions de dollars qu'il doit régler à l'une de ses victimes devenue tétraplégique.

    Ce fait-divers sera largement exploité par la "Cannon" lors de la production du film, Menahem Golan clamant par exemple que "Ce n'est pas le cinéma qui copie la vie, c'est la vie qui copie le cinéma" tandis que Bronson, plus mesuré, dira que le temps que le film sorte, tout le monde aura oublié Bernhard Goetz.

    Mais revenons à notre justicier. Tout comme Bronson, Michael Winner se fera prier pour revenir dans l'aventure. Il souhaiterait délaisser le genre policier mais son film en costumes The Wiked Lady (produit par "Cannon"), avec Faye Dunaway, est un flop commercial. Après avoir tourné le thriller Scream for Help qui lui aussi fera un bide, il accepte de réaliser ce troisième opus de Death Wish.

    Le tournage débute fin avril 1985 à New York, mais pour des raisons budgétaires, il se poursuit à Londres, dans le décor d'un vieil hôpital voué à la démolition dans le quartier de Lambeth.

    Death Wish : de la polémique au culte (3)Côté casting, nous avons Ed Lauter dans le rôle de l'inspecteur Shriker, un flic qui va employer les talents du "justicier" pour régler le problème de la délinquance, Deborah Raffin qui joue une aide judiciaire qui va tomber amoureuse de notre héros, Martin Balsam et Joseph Gonzalez sont des voisins qui s'empresseront d'aider Kersey à nettoyer le coin. Gavan O'Herlihy interprète quant à lui 'Faker', le chef des voyous, personnage peinturluré et psychopathe.

    Le précédent opus foulait au pied la psychologie du film originel, celui-ci l'atomise complètement ! D'abord, finit l'anonymat nocturne du "justicier" : 'Paul Kersey' agit de jour comme de nuit, et, dans une scène hallucinante, il est applaudit par la foule après avoir abattu un voyou.

    Ensuite, il ne fait même plus l'effort de ressentir un soupçon de chagrin lorsqu'on tue l'un de ses proches : un clignement de paupières, c'est le minimum syndical après la mort de sa petite amie.

    Le film regorge de phrases-cultes comme "I sent them a message" ou "They killed the Giggler, man !" et n'oublions pas les scènes passées à la postérité comme le piège placé devant une fenêtre par 'Kersey' et qui fait perdre deux dents à un voyou, ou le vol de l'appareil photo.

    Tout s'achève par une véritable bataille rangée entre les "muggers" et les habitants du quartier, tandis que notre héros a ressortit une vieille mitraillette du placard. Et comment oublier la confrontation finale entre 'Paul Kersey' et 'Striker', digne d'un épisode de "Bip-bip et coyote" !

    Death Wish : de la polémique au culte (3)Ce troisième film sera par ailleurs la pomme de discorde entre Charles Bronson et Michael Winner : écœuré par les scènes de viol du deuxième opus, l'acteur a fait promettre aux producteurs et au réalisateur qu'il n'y en aurait pas dans celui-ci. Mais à son insu, Winner insert une scène où l'actrice Marina Sirtis est tabassée et violée par les voyous (son personnage décédant des suites de ses blessures). Bronson, furieux, se fâchera avec le réalisateur et ne travaillera plus avec lui par la suite.

    À propos de cette scène de viol, Menahem Golan dira à la presse "Vous n'avez jamais vu ça !" vantant la séquence comme s'il s'agissait d'une cascade particulièrement audacieuse. Cela n'empêchera pas Bronson de continuer de travailler avec la "Cannon" par la suite : après tout, c'est le producteur qui paye les acteurs, pas le réalisateur...

    Sorti le 1er novembre 1985 aux U.S.A, Death Wish 3 fait encore une fois les beaux jours du box-office américain (plus de 16 millions de dollars de recettes)... et de la presse ! Il arrive dans nos salles le 5 mars 1986 sous le titre Le Justicier de New York et obtient un bon score avec près de 800 000 spectateurs.

    Nous en sommes donc là de la franchise, et comme les pontes de la "Cannon" n'ont pas envie de laisser partir la "poule aux oeufs d'or", ils ne tardent pas à se pencher sur l'idée d'un quatrième opus...

    Death Wish : de la polémique au culte (3)

     

    Pour finir, quelques anecdotes :

    Le titre devait être Death Wish III mais les américains n'étant pas habitués aux chiffres romains, la numérotation arabe sera utilisée !

    Quelques mots sur le fameux "Wildey", un "Magnum" .4, 75 utilisé par notre justicier. D'abord, ce serait une arme personnelle de Charles Bronson (je mets l'info au conditionnel, l'ayant lu je ne sais plus où et n'étant pas sûre de sa véracité). Ensuite, lors de la sortie de Death Wish 3, le fabriquant était au bord de la faillite et l'engouement du public le sauvera de la fermeture. Aujourd'hui encore, à chaque rediffusion du film à la télévision américaine, les ventes de l'arme explosent.

    Notons enfin que c'est le premier opus de la saga a avoir engendré un jeu vidéo lancé par la firme "Gremlin Graphics" en 1986.

    Death Wish : de la polémique au culte (3)

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 24 Novembre 2019 à 15:54

    Qui a ce jeu vidéo ? J'étais tellement fêlé alors, que j'étais prêt à acheter une console pour avoir ce jeu, Dieu merci, ça n'a jamais été commercialisé en France.

    Le premier film de Bronson que j'ai vu au ciné et qui m'a fait aimer Bronson, j'avais vu le film trois fois... Comme j'ai dû l'écrire sur le blog de Fred (je radote), un extrait éloquent du film avait été passé (lorsque Bronson flingue deux types qui interrompent son repas, car ils volent avec peu de discrétion sa voiture) à l'émission hebdomadaire de Pierre Tchernie qui avait commenté et conclu l'extrait par un "pas de commentaire". J'ose espérer que mon amour de ce film était déjà accompagné d'un sérieux second degré...

     

    Merci pour cet article. J'aimerais bien que Sidonis se décide à m'envoyer les deux Justiciers, pris à l'occasion de leur kisskissbankbank pour la sortie Blu-ray de plusieurs Bronson.

      • Dimanche 24 Novembre 2019 à 16:40

        C'est peut-être le film le plus "cartoon" de la franchise !

        En tout cas, avec le temps, j'ai appris à l'apprécié et aujourd'hui c'est - avec le premier - mon "Justicier" préféré.

        Pour ce qui est de la promotion "Kisskissbankbank", j'ai voulu en profiter pour acheter le DVD des Baroudeurs mais  alors que j'étais arrivée au bout de la transaction, j'ai reçu un message comme quoi l'achat avait échoué. Je vais donc chercher à me procurer ce film par la voie "normale". Je me demande même si je ne vais pas m'inscrire sur le site de Sidonis pour ne pas avoir à passer par Amazon.

        Merci pour ton commentaire, Lemmy.

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