• Death Wish : de la polémique au culte (2)

    2ème partie : le mythe figé.

    Death Wish : de la polémique au culte (2)Après le succès du film Death Wish, Brian Garfield continue d'écrire. Il donne même une suite à son livre devenu "culte" : "Death Sentence" (1975), dans lequel on retrouve 'Paul Benjamin' qui, ayant déménagé à Chicago, continue sa croisade mortelle contre les voyous, jusqu'au jour où un imitateur fait son apparition. Ce livre est sorti en France sous le titre "À déguster froid" aux éditions "Série Noire".

    De leurs côtés, Michael Winner et Charles Bronson poursuivent leurs carrières respectives avec plus ou moins de bonheur. Ils devaient d'ailleurs se retrouver pour Firepower (L'Arme au poing en vf) mais l'acteur, suite à des problèmes de vue, dû renoncer au tournage sur les conseils de ses médecins. Une version "officieuse" dit toutefois que c'est une mésentente avec Sofia Loren, vedette féminine du film, qui l'écarta du projet.

    La fin des années 70 marque l'arrivée fracassante de la saga Star Wars, l'avènement du "Slasher" et le succès surprise de Rocky. Bronson a toujours ses fans, mais force est de constater que ses films obtiennent de moins en moins de succès. Le même constat amer est valable pour Winner.

    Arrivent les années 80... et deux drôles d'oiseaux !  Menahem Golan et Yoram Globus, cousins Israéliens, se sont fait connaitre dans leur pays d'origine avec des films pour "teenagers" un peu "olé-olé". Ayant racheté une petite maison de production américaine en faillite, la "Cannon", ils vont avoir une façon de faire si particulière qu'elle marquera les esprits : réunir des acteurs un peu "has-been" ou parfois totalement inconnus, leur faire tourner des séries B, et vendre le tout sous forme de "lots" aux distributeurs.

    Une autre de leur manie est de faire de la publicité sur des films encore à l'état de projet. C'est ainsi que Hal Landers, Bobby Roberts et Dino De Laurentiis, producteurs de Death Wish, découvrent avec surprise qu'une "suite" est prévue par "Cannon"... Ils font alors ce que tout businessman hollywoodien ferait : appeler leurs avocats. Très vite, un compromis est établit : les deux cousins s'occupent de mettre le film en chantier (c'est Menahem qui est pressentit pour le réaliser) et tout ce petit monde se partagera les bénéfices.

    Reste un problème, mais de taille : Charles Bronson refuse obstinément de reprendre le rôle ! Néanmoins, grâce à son agent Paul Konher, il accepte de lire le script. Le scénariste, David Engelbach, est si enthousiasmé que dès son texte terminé, il se précipite chez l'acteur pour le lui donner en mains propres !

    Bronson, furieux, va refouler le naïf et faire entendre sa façon de penser aux producteurs par le biais de son agent. Bref, nouveaux pourparlers avant que l'irascible moustachu n'accepte d'oublier l'incident (son cachet prévu de 1,5 million de dollars à dû aider)... à condition que ce soit Michael Winner qui réalise.

    "Cannon" donne son accord et Death Wish II passe dans la phase préparatoire. Détail amusant, Dino De Laurentiis produit en même temps Philadelphia Security (1982), un autre "vigilante movie" dont l'acteur principal Tom Skerritt s'est fait la tête de Bronson pour l'occasion !

    Enfin, le tournage commence à Los Angeles... Michael Winner, soucieux de réalisme, renvoya les figurants embauchés par la production pour employer de véritables habitants des bas-fonds de Hollywood où se déroulent les prises de vue. Charlie, lui, est ravi : il peut rentrer chaque soir chez lui auprès de sa famille.

    Death Wish : de la polémique au culte (2)D'ailleurs, il impose  sa femme, Jill Ireland, dans le rôle de la nouvelle compagne de 'Paul Kersey', une journaliste "de gauche" qui rejette l'idée de l'auto-défense ! Bien entendu, hors de question qu'elle soit molestée par les voyous. Ce seront la bonne et la fille du héros qui subiront le pire.

    Côté casting, Vincent Gardenia reprend son personnage du 'Detective Ochoa', qui se fait abattre en cours de film. Robin Sherwood joue la fille de notre "vigilente", Silvana Gallardo interprète l'infortunée domestique, et, parmi les voyous, un jeune acteur en devenir, Laurence Death Wish : de la polémique au culte (2)Fishburne.

    Winner réécrivit le scénario sans rien dire à Engelbach, en particulier la fameuse scène du viol : de nombreux techniciens du film donneront leur démission après le tournage de celle-ci, écoeurés par son réalisme.

    Tout ce qui faisait les qualités du premier Death Wish, à savoir la descente dans la folie d'un individu lambda face à la violence urbaine, se transforme en croisade vengeresse qui piétine l'aspect psychologique et sociétal de son ainé.

    Car  'Paul Kersey' a clairement vu - par deux fois - les voyous qui ont brisé sa vie. Il se livre donc à une véritable "traque" : louant une chambre dans un hôtel borgne, il passe ses nuits vêtu en clochard dans les sordides bas-fonds de la ville et finit par les retrouver un par un. Ne lui reste plus qu'à accomplir sa vengeance sans état d'âme.

    Notre héros va jusqu'à s'introduire dans un hôpital psychiatrique afin de tuer le dernier assassin de sa fille, interné car "reconnu pénalement irresponsable". Un message ironique adressé à ceux qui voient une solution "psychiatrique" à la violence ?

    Sorti aux États-Unis le 20 février 1982, Death Wish II fait un carton au box-office : 16 millions de dollars aux U.S.A., avec là encore une volée de bois verts de la part des journalistes. La scène du viol, bien que fortement coupée au montage pour le marché américain, y est certainement pour quelque chose...

    La musique est signée cette fois par Jimmy Page, engagé par Michael Winner (Golan et Globus voulaient Isaac Hayes).

    Devant le succès du film, les pontes de la "Cannon" vont exploiter le filon avec enthousiasme, sans oublier de prendre Charles Bronson dans leur giron. L'acteur tournera pour eux Le Justicier de Minuit (1984), dont le pitch de base avait pour héros un homme vengeant la mort de sa femme, tuée dans un attentat. Remanié pour sacrifier sans doute à la mode des "slashers", ce film devint la traque d'un "serial killer" par un flic aux méthodes pas toujours orthodoxes.

    Mais bientôt, 'Paul Kersey' va connaitre de nouvelles aventures, qui le ramèneront là où tout à commencé... ou presque !

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    « Bon Anniversaire, Alain !Polanski, un "homme d'affaires". »

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