'Marie-Octobre'

La Seconde Guerre Mondiale terminée, Danielle Darrieux doit bien entendu rendre compte de son attitude auprès du comité d'épuration, mais elle ne sera que peu inquiétée. Elle divorce de Porfiro Rubirosa et traverse une période d'inactivité jusqu'en 1948.

Cette année-là, elle épouse Georges Mitsinkdès et surtout elle interprète à l'écran la 'Reine d'Espagne' dans Ruy Blas de Pierre Billon, avec Jean Marais. C'est ensuite Claude Autant-Lara qui l'emploie dans Occupe-toi d'Amélie (1949) d'après Feydeau, puis dans Le Bon Dieu sans confession (1953) où elle joue une garce et dans Le Rouge et le noir (1954), adaptation du roman de Stendhal avec Gérard Philipe.

Son ex-mari Henri Decoin la fait tourner dans trois films : La Vérité sur Bébé Donge (1952) où elle est l'épouse bafouée de Jean Gabin, Bonnes à tuer (1954), entre la comédie dramatique et le film noir, L'Affaire des poisons (1955), drame historique dans lequel elle joue 'Madame de Montespan'.

On la retrouve aussi devant les caméras de Marcel Achard (Jean de la Lune - 1949), Max Ophüls (La Ronde - 1950,Le Plaisir - 1952, Madame de... - 1953), Sacha Guitry (Napoléon - 1955, Si Paris nous était conté - 1956).

Durant les années 50, l'actrice joue également à Hollywood : L'Affaire Ciceron (1952) de Joseph Mankievicz avec James Mason, Alexandre le Grand (1956) de Robert Rossen où elle est la mère de Richard Burton (de huit ans son cadet !).

Un des grands rôles de Danielle Darrieux durant cette décennie est celui de Marie-Octobre : dans ce huis-clos de Julien Duvivier sorti en 1959, entourée de Lino Ventura, Serge Reggiani, Bernard Blier et Paul Meurisse, elle interprète une ancienne Résistante qui cherche à découvrir qui a "donné" leur groupe, causant ainsi la mort de son mari.

La carrière de l'actrice poursuit son chemin devant les caméras de Gérard Oury (Le Crime ne paie pas - 1962), Claude Chabrol (Landru - 1963), Gilles Grangier (L'Homme à la Buick - 1966). En 1967, elle est la mère de Catherine Deneuve et Françoise Dorleac dans Les Demoiselles de Rochefort (1967). Pour l'anecdote, elle est la seule actrice à ne pas avoir été doublée pour les scènes chantées de cette comédie musicale de Jacques Demy.

Après L'Année sainte (1976) de Jean Girault et Le Cavaleur (1979) de Philippe de Broca, elle retrouve Jacques Demy pour Une Chambre en ville (1982) ; une décennie plus tard, elle participera a deux documentaires réalisés par Agnès Varda, épouse de Demy, Les Demoiselles ont eu 25 ans (1993) et L'Univers de Jacques Demy (1994).

Les années 2000 sont encore fructueuses pour Danielle Darrieux : au cinéma, on la retrouve dans Huit femmes (2001) de François Ozon, Une vie à t'attendre (2004) de Thierry Klfa. Elle prête sa voix au personnage de la grand-mère dans le dessin animé Persepolis (2006) de Vincent Parsonnaud et Marjane Satrapi. Sa dernière prestation est pour le film de Denys Granier-Deferre Pièce montée (2010), avant que sa santé ne l'éloigne des plateaux de tournage.

L'actrice fait aussi une jolie carrière télévisuelle dès les années 60, notamment dans des captations de pièces de théâtre (Folie douce - 1972, Mais n'te promène donc pas toute nue - 1978), mais également dans des téléfilms comme Bonheur, impair et passe (1977) de Roger Vadim. Elle est l'héroïne de deux séries : Miss (1979) et Marie-Marie (1981), et participe à des documentaires comme Louis de Funès : La comédie humaine (2003) de Philippe Azoulay.

En 2007, un documentaire lui est entièrement consacré : Danielle Darrieux, une vie de cinéma, réalisé par Anne Wiazemsky, tandis qu'en 2010 elle est mise à l'honneur avec Micheline Presle et Michèle Morgan par Henri-Jean Servat et Pierrick Bequet dans un autre documentaire, Les Trois glorieuses.

Danielle Darrieux, l'une des "grandes dames" du cinéma français, a fêté son centième anniversaire le 1er mai 2017 avant de tirer sa révérence le 18 octobre de la même année.