• Chocolat

    Premier artiste noir de France.

    Mon avis : intéressant smile

    ChocolatDans un cirque de province, le clown George Footit (James Thierrée) découvre Rafael Padilla (Omar Sy), ex-esclave se produisant comme "authentique canibal". Il va le convaincre de devenir son associé. Très vite, le duo "Footit et Chocolat" va devenir la coqueluche du tout-Paris de la "Belle Époque", mais les dissensions, le racisme ambiant et le désir de "Chocolat" de reconnaissance en tant qu'artiste va causer le clash entre eux.

    Chocolat (2016) de Roschdy Zem était l'un des films que j'attendais avec le plus d'impatience cette année. Son sujet, la description d'une époque, le talent des deux acteurs ne m'ont pas déçue. Omar Sy interprète donc ce clown à qui dévolu le rôle de "l'auguste", celui qui se prend les coups, le bênet, le pauvre type malchanceux. James Thierrée (petit-fils de Charlie Chaplin) n'est pas en reste, même si son personnage est un peu "laissé en arrière" alors qu'il possède aussi des failles et des faiblesses. Mais le duo fonctionne comme pouvait fonctionner leurs modèles.

    ChocolatIl y a néanmoins quelques petits bémols : ainsi, lorsque Rafael est jeté en prison, il y fait la rencontre d'un mystérieux haïtien, "Victor" (Alex Decas) qui devient sa "conscience nègre" et accessoirement l'initie à l'opium. Cet épisode n'a jamais eu lieu dans la vie du clown, visiblement, il a été rajouté pour donner une sorte de légitimité au combat que mènera "Chocolat" pour retrouver sa dignité. Ce passage était absolument inutile, puisque notre héros avait déjà commencé à "ruer dans les brancards" auparavant.

    Autre "arrangement" avec la réalité : Marie (Clotilde Hesme), qui deviendra la femme de Rafael, n'était pas veuve mais divorcée avec deux enfants. Peut-être aurait-il été judicieux de démontrer que, pour une femme de cette époque, être divorcée et épouser un noir devait constituer un "double pêché" aux yeux de la société. Mais on peux comprendre le parti pris des scénaristes et du réalisateur, soucieux de ne pas alourdir leur sujet.

    Malgré ces deux défauts, le film est très bon, et surtout, il démontre que Padilla n'était pas parfait : son goût du jeu va le ruiner à plusieurs reprises, il s'adonne à la consommation de laudanum et il attrape vite la "grosse tête" au point de se croire capable d'interpréter Othello (dans la réalité, c'est une comédie que l'ex-clown va jouer au Théâtre Antoine en 1911).

    ChocolatÀ noter une séquence - j'ignore si elle est authentique ou non - où Rafael, visitant avec Marie l'Exposition universelle, est apostrophé par un Africain enfermé derrière une barrière comme un animal en cage...

    Pour résumer, Chocolat réhabilite un artiste injustement oublié - les dernières images du film sont celles tournées par les Frères Lumière - et évoque un temps pas si éloigné qui, d'une certaine façon, fait écho à notre époque de troubles identitaires.

     

    Note : ce film est basé sur le livre "Chocolat, clown nègre, l'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française" de Gérard Noiriel (édition Bayard - 2012). L'auteur a édité un deuxième livre très récemment, "Chocolat, la véritable histoire d'un homme sans nom".

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  • Commentaires

    1
    Daniel
    Lundi 15 Février 2016 à 16:58

    La séquence que tu décrits est probablement authentique puisque  un des membres de la famille du footballeur Christian Karembeu était ainsi exposé ce qui fit que le sportif se refusa toujours a chanter l hymne national.

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