Le western ? Un grand cirque !

Le légendaire Buffalo Bill (Paul Newman) reçoit dans son spectacle le non moins célèbre Sitting Bull (Franck Kaquitts). Mais dans le monde du spectacle, tout n'est qu'illusion...

Buffalo Bill et les Indiens est un film iconoclaste de Robert Altman datant de 1976. Alors que le western est déjà moribond, le réalisateur tire à boulets rouges sur les glorieuses légendes de l'Ouest, faisant de Cody un alcoolique, amateur de cantatrices et portant perruque, Sitting Bull un petit bonhomme taiseux, alors qu'autour d'eux des cowboys et Indiens de pacotilles s'agitent dans ce cirque à ciel ouvert.

C'est une critique ascerbe du star-système, une foire aux monstres où les monstres ne sont pas ceux que l'on croit : les blancs s'agitent, causent, s'engueulent, boivent et donnent "leur" version de l'Histoire. Les Indiens agissent selon leurs idées et leurs coutûmes, déplaçant le campement comme bon leurs semble, causant d'autres discussions et engueulades de la part de visages pâles sans en être le moins du monde incomodés.

Oui, un sacré foutoir, avec un Buffalo Bill remettant sa tenue d'éclaireur pour rechercher Sitting Bull qui s'est offert une escapade dans les montagnes, un neveux obsequieux (Harvey Keitel), un William Halsey (Will Sampson), interprète du grand chef Sioux qui deviendra à son tour l'attraction du cirque.

Le point culminant de cette farce grinçante est le monologue d'un William F. Cody aviné, face au fantôme de Sitting Bull qu'il tente de convaincre (de se convaincre ?) qu'il est le grand Buffalo Bill qui sera "encore connu dans cent ans"...

Les amis, les temps changent, le western se meurt en cette année 1976, mais il continue de chanter l'éternelle rengaine que nous murmurait déjà John Ford en 1962 : "Quand la légende..."